Des bidonvilles aux bars branchés de Mumbai

#Inde #Bombay #bidonvilles

Mumbai, c’est le chaos. Ça grouille partout, ça vend tout et n’importe quoi à même l’asphalte, les odeurs sont prenantes, du gaz carbonique au poisson en passant par la merde humaine et surtout, la circulation est infernale.

Traverser une rue à Mumbai est plus dangereux que de traverser l’Amazone en pirogue. J’exagère un peu ? Ok, c’est possible, mais que l’on me sorte les statistiques des gens qui ont laissé la vie dans l’un de ces deux périples et l’on verra si je raconte des conneries.

Ici, le trottoir s’arrête sans raison, comme ça, d’un coup. Je me demande bien ce qu’il s’est passé dans la tête des ingénieurs en charge de la chaussée lorsqu’ils se sont dit : « Tiens, et si on arrêtait de construire le trottoir ici, en plein milieu du carrefour ou de la nationale ? » « Yes, super idée Rahul, on va faire comme ça. »

Des familles vivent sur le trottoir

Dans les rues de Bombay, des familles entières vivent sur le sol, des cartons en guise de salle à manger, des amas de taule pour le toit et des panneaux de circulation pour l’intimité, si on peut parler d’intimité dans de telles conditions.

La chaleur est suffocante. Cinq minutes de marche et mon visage ruisselle de toutes parts. J’ai l’impression, et ce n’en était pas une, de perdre 5 kilos à chacune de mes excursions. Je fonds littéralement.

J’ai posé mon sac dans un hôtel sordide de Colaba, le quartier animé et touristique du sud de la ville. C’est mon premier jour en Inde, mon premier jour en Asie pour un périple qui durera onze mois (j’entame le sixième au moment où j’écris ces lignes). Aujourd’hui, je suis le plus heureux du monde, le plus libre et le plus à l’aise. Mais je dois avouer que je n’en menais pas large au début dans les rues de Mumbai. Je n’avais pas choisi la destination la plus facile pour commencer.

L’Inde, ce n’est pas Bangkok, Phuket ou Kuala Lumpur. En Inde, tu perds tes repaires, tu subis et tu te demandes parfois ce que tu fous là. Oui, ce pays est une terre de contrastes. Un jour tu l’aimes, un jour tu le détestes. Parfois même, ces deux sensations extrêmes te traversent l’esprit dans la même minute. De quoi devenir schizophrène.

Petit selfie sur la rade de Mumbai

Des bidonvilles à perte de vue

La voie rapide qui mène de l’aéroport au centre-ville est encerclée par des milliers, peut-être des millions, de taudis et de cabanes de fortune. Une ceinture de bidonvilles à perte de vue, de la misère à n’en plus finir. Les bidonvilles sont innombrables. Il y en a partout. Parfois, tu peux passer d’un hôtel 5 étoiles à un slum juste en changeant de trottoir. 

Le lendemain de mon arrivée à Mumbai, et alors que je longeais le bord de mer, je tombe nez à nez avec un bidonville. Pas d’échappatoire possible, exceptée de rebrousser chemin. J’hésite. Ce n’est pas tant la peur qui me retient, mais plutôt cette stupide culpabilité occidentale qui nous pourrit la vie : est-ce moral ou immoral de m’aventurer dans cet endroit ? Non, je plaisante.

En réalité, je ne me suis pas posé cette question, car mon avis sur ce sujet est déjà tranché depuis longtemps. Je ne vois pas où est le mal à se promener dans un bidonville. Pourquoi serait-il cool de se balader dans un quartier huppé ou touristique et malsain de déambuler dans un slum ? Quand le français moyen contemple les yachts des milliardaires sur le Port de Saint-Tropez, n’est-ce pas là aussi du voyeurisme ? Où est la différence ? Je pousserais même dans la direction opposée : éviter un bidonville, là est le vrai mépris, la vraie immoralité. Car en agissant de la sorte, on signifie à ces gens qu’ils sont différents et que l’on ne veut rien avoir à faire avec eux.

Slumdog (pas vraiment) Millionaire

Bref, je pénètre dans le slum.

Et là, surprise : personne ne me regarde ou ne m’adresse la parole, j’ai l’impression d’être transparent. Rapidement, je comprends que ces gens ont autre chose à foutre que de s’attarder sur la présence contre-nature d’un touriste occidental. Tout le monde bosse, et on n’est pas aux 35 heures ! Des types en sueur déplacent à mains nues d’immenses charrettes remplies de blocs de glace, des femmes accroupies, leur gosse entre les cuisses, décortiquent des milliers de crevettes, des hommes en claquettes et torses nus grimpent sans aucune sécurité des échafaudages en bambous. C’est une fourmilière.

Et puis, bien entendu, il y a aussi l’horreur : des lépreux, des malades qui arborent sur leurs visages des symptômes d’affections rescapées du Moyen-âge, des enfants qui se baignent dans une mer d’égouts, des chiens faméliques se battant à mort contre des corbeaux pour arracher un morceau de viande au milieu des ordures.  C’est dur, mais c’est comme ça. D’ailleurs, ici, on n’a pas le temps de pleurnicher sur son sort ou de maudire le gouvernement. Non, on ne peut pas se le permettre, car ce soir, il faut ramener à bouffer, rafistoler la baraque ou vendre son poisson avant qu’il ne pourrisse.

Je traverse de nouveau la rue et me voilà de retour dans une autre normalité, si l’on peut parler de normalité dans ce pays. Disons une normalité plus proche de nos standards occidentaux.

Le Bombay de Shantaram et des attentats

Le soir, en ma qualité de Français paumé dans la tentaculaire Mumbai, je me raccroche à ce que je peux, à ce qui me semble le plus familier : un bar occidentalisé ! Et oui, on ne se refait pas. Je pénètre dans Le Léopold, un café mondialement réputé, non pas pour sa cuisine ou sa beauté, mais pour deux motifs totalement antinomiques.

Le premier est littéraire. Shantaram, le best-seller de l’Australien Gregory David Roberts, se déroule en grande partie dans ce café du vieux Mumbai (petite aparté, si l’Inde vous passionne ou vous intrigue, jetez-vous sur ce chef d’œuvre, vous ne serez pas déçu, parole de scout).

La seconde raison pour laquelle Le Léopold a connu une renommée internationale est beaucoup moins poétique. Du 26 au 29 novembre 2008, une série d’attentats sanglants menait par une équipe de terroristes pakistanais va embraser la capitale culturelle indienne. Bilan : 188 morts et plus de 300 blessés. Si l’essentiel des attaques meurtrières se sont concentrées sur les hôtels de luxe du quartier (Taj Mahal, Oberoi…), Le Léopold a lui aussi succombé sous les balles : une attaque dans le même genre que celles que nous avons connues chez nous, à Paris. Bref, je ne vais pas épiloguer sur ces tragédies, ce n’est pas mon rôle et encore moins mon souhait.

Une pinte de King Fisher pour se remettre des émotions

Je me retrouve donc assis sur un tabouret et commande ma première King Fisher, la bière locale. A mon grand étonnement, le bar est rempli d’Indiens. Tous sont habillés à l’occidental et tous boivent de l’alcool. Et pas qu’un peu ! D’immenses carafes de bière qu’ils descendent à la vitesse d’un poivrot de PMU trônent au centre des tables. Je me sens un peu seul, mais je souris en façade.

Mon regard se pose alors sur une Indienne d’une trentaine d’années. Elle est assise en face d’un type que j’imagine être son copain ou son mari, ce qui ne l’empêche pas de me mater. De mon côté, j’enchaîne les bières. Bon, il faut que je vous dise aussi que les bières asiatiques, comparées aux françaises ou aux belges, sont plus proches de la Volvic que de la Chouffe ou de la Leffe. Pour les habitués aux bières artisanales à 8° que nous sommes, c’est de la rigolade.

Je me fais draguer par une indienne

Après avoir tué ma troisième bouteille de King Fisher, l’Indienne et son copain se lèvent. L’homme a déjà quitté le bar que la fille en est toujours à trifouiller son sac à main. Quand elle passe à ma hauteur, elle s’arrête, et à ma grande surprise, entame la papote avec moi. En deux minutes, elle me demande d’où je viens, me dit que je suis mignon et me propose de se voir demain. Rien que ça.

Je n’en reviens pas. Je n’en reviens pas pour deux raisons. D’une part, parce qu’il est plutôt rare pour un homme de se faire aborder de façon aussi cash par une femme, et encore plus quand elle est accompagnée d’un autre homme, et d’une autre, parce que mon image de la femme indienne prude, traditionnelle et soumise vient d’en prendre un coup.

Certes, je savais qu’une partie des classes supérieures et moyennes de la population indienne avait adopté les mœurs et les habitudes de consommations occidentaux, mais de là à venir brancher un étranger dans un bar !

Elle me confira plus tard que l’homme qui l’accompagnait n’était pas son copain, mais un date Tinder. « So boring, my god ! »

J’ai donc revu cette fille dès le lendemain. Une alcoolique de classe internationale. Pire que moi ! Durant les trois jours que nous avons passés ensemble, elle m’a trimbalé dans tous les bars et restos branchés de la ville. Du bon vin, de la bonne bière et de bons petits plats. Mon budget backpacker n’a rien compris à ce qui lui arrivait. C’était le début de mon séjour, et comme je ne me sentais pas au top, j’ai succombé à la dépense facile, comme la dépressive qui va s’acheter un nouveau smartphone en pensant que ça va arranger son état. Bref, ce n’est pas le sujet.

Cette fille prônait un discours ultra-libéral et libertaire. Encore un cliché sur l’Inde qui s’effondre. Mais ce n’était rien comparé à l’une de ses copines que j’ai rencontrée un soir dans un pub de Bandra, au nord de la ville. Alors que l’on discute sexe et amour, je lui demande ce qu’elle cherche à ce niveau. Sans rougir ou hésiter, elle me répond : « m’amuser ». Pas besoin de traduire ce que cela signifie. Dix minutes plus tard, l’une de ses potes lui arrange le coup avec l’un des barmans. Elle va lui parler, et quelques heures après, il finira chez elle.

Je suis choqué par tout ce que je vois !

Ce n’est pas de voir des filles s’alcooliser à mort ou coucher le premier soir avec des mecs rencontrés dans des bars qui me choque. Non, ça existe en Europe et je n’ai aucun problème avec ça. Chacun fait ce qu’il veut, et une femme qui couche le premier soir n’est pas plus une salope que le mec n’est un connard. Non, ce qui me perturbe, c’est qu’elles soient Indiennes. Que j’étais naïf, moi, le Français qui ne voyait l’Inde qu’au travers de trois prismes : le miséreux de Slumdog Millionaire, le sage de Gandhi et le politiquement correct de Bollywood.

D’un côté, j’en étais presque déçu. Déçu de voir que le monde s’occidentalisait à une vitesse fulgurante, même en Inde. Me retrouver dans un bar de Mumbai au milieu d’une jeunesse qui s’alcoolise, parle de cul et écoute du Phil Colins et du Ed Sheeran m’a rappelé avec violence que la planète tend à l’uniformisation.

Mais telle est l’Inde, ce pays des extrêmes. A midi, tu croises un lépreux, à minuit, tu fais la fête entouré de femmes et d’alcool. Une simple petite rue sépare ces deux mondes.

Welcome to India !

Tu n’as plus toute la vie devant toi et il te tarde de passer à l’action ?

Ok, c’est par ici que ça se passe :

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Assez perdu de temps, c’est ici que ça se passe !

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