#kualalumpur #malaisie #vivreenmalaisie
Kuala Lumpur et moi, c’est une histoire particulière.
Quand j’y ai posé les pieds en novembre 2018, j’avais prévu de n’y rester que deux à trois jours.
Au final, j’y suis resté trois mois…
Kuala Lumpur, une ville touristique ?
Pourtant, Kuala Lumpur est loin d’être la destination touristique par excellence. Si tu n’as que quinze jours à passer en Asie, je te conseillerais plutôt de les tuer ailleurs. Certes, il y a quelques attractions à visiter, comme l’aquarium, les Badu Caves, les Petronas Tower ou le Forest Eco Park. Mais dans l’ensemble, rien qui ne justifie vraiment d’y passer ses vacances, rien de bien fou-fou.
Alors pourquoi y suis-je resté aussi longtemps ?
Eh bien tout simplement parce que cette ville, si elle n’est pas la plus intéressante pour un touriste, s’avère passionnante pour celui qui veut se poser plus longtemps, voire y séjourner plusieurs mois ou années.
La Malaisie est un état islamique un peu particulier. Si la charia y est plus ou moins imposée aux musulmans, et parfois avec virulence, selon ce que j’ai pu entendre ou lire, une tolérance assez large est par contre accordée aux non-musulmans. La raison principale, mais ce n’est que mon analyse personnelle, est que l’Etat ne peut pas faire autrement, sous peine de sérieusement amputer sa croissance économique.
En effet, il faut savoir que la Malaisie a une population composée à plus de 25% de Chinois (un chiffre qui passe à 43% à Kuala Lumpur !) Ces Chinois ne sont pas des immigrés de la dernière heure. L’écrasante majorité d’entre eux sont Malaisiens depuis des générations, voire des siècles. D’ailleurs, ils se définissent comme Malaysian Chinese. Et gare à toi si tu te montres surpris en apprenant leur nationalité et que tu t’amuses à leur dire qu’ils n’ont pas vraiment des têtes de Malaysiens. Beaucoup se revendiquent Malaysiens avant d’être Chinois, ce qui ne les a pas empêché de conserver leurs traditions, leurs religions, leurs langues et leur gastronomie.
Chinois et Islam cohabitent
La communauté Chinoise est la plus active économiquement en Malaisie. Elle contribue à une part très importante du PIB. Ils sont bouddhistes ou chrétiens. Du coup, j’imagine que si l’on commençait à leur imposer des restrictions ou des lois liés à l’Islam, cela ouvrirait la porte au chaos : émeutes religieuses et raciales (il y en a eu dans le passé) et surtout, fuite des capitaux chinois à l’étranger. Un suicide pour la Malaisie.
De ce fait, les non-musulmans sont à peu prés libres de vivre comme bon leur semble, ce qui n’est pas le cas dans la plupart des états islamiques comme le Pakistan ou l’Arabie Saoudite, pour ne citer que les plus rigoristes en termes d’application de l’Islam.
Et puis, il n’y a pas que les Chinois à Kuala Lumpur. Il y a aussi de nombreux Indiens, des Philippins, des Thaïlandais, des Occidentaux et des Iraniens.
Malaisie : le refuge des Iraniens
D’ailleurs, c’est parce que j’ai rencontré une Iranienne lors de mon premier jour à KL que je suis resté si longtemps.
Il faut savoir que les Iraniens sont quasi-coincés dans leur pays à cause de l’embargo que leur imposent les Etats-Unis et leurs sous-fifres, dont la France fait malheureusement partie. Les Iraniens sont blacklistés dans 90% des pays de ce monde, et dans les rares cas où un visa leur est accordé, il leur aura fallu passer par de longs interrogatoires à l’ambassade et à la douane.
Si le régime Iranien est probablement totalitaire, intolérant et condamnable sur certains points, ce putain d’embargo est un pure scandale, car il assimile l’intégralité de la population à son gouvernement.
Cela reviendrait par exemple à refuser un visa à un gilet-jaune sous prétexte qu’il serait Macroniste ou à un Mélenchoniste parce qu’il serait Sarkozyste. Ce qui n’a aucun sens et est particulièrement injuste.
Bref, la Malaisie étant l’un des seuls pays au monde à accorder des visas longues durées sans trop de difficultés aux citoyens Iraniens, c’est en toute logique que bon nombre a atterri à Kuala Lumpur, la porte de sortie vers un autre monde.

Une mixité qui semble fonctionner
Ce qui m’a fait rester à Kuala Lumpur est donc en partie ce mélange culturel-racial-religieux. Car contrairement à certains pays où la mixité est la source de nombreuses tensions, violences, émeutes et autres revendications virulentes, la Malaisie a réussi dans l’ensemble à réunir des nationalités et des ethnies diverses dans la paix et la coopération économique.
Ici, l’intelligence et l’intérêt commun prévalent sur les querelles d’ordre religieux ou communautaire. Un exemple à suivre.
Ce que j’ai vraiment aimé à Kuala Lumpur est qu’en plus de rencontrer des gens venant de tout horizons, beaucoup sont éduqués, cultivés et intéressants. Ce qui n’est pas le cas partout dans le monde, où malheureusement, l’absence d’éducation, la propagande politique ou religieuse et la pauvreté extrême condamnent les populations à l’ignorance. A Kuala Lumpur, les femmes sont modernes, plutôt libérales et souvent indépendantes financièrement (et c’est aussi vrai pour les musulmanes, qui sont loin de ressembler au cliché de la Saoudienne soumise).
Et puis, à Kuala Lumpur, autre paradoxe pour un état se revendiquant islamique, on trouve de l’alcool partout. Le quartier central, Bukit Bintang, regorge de bars, de restos et de pubs. On mange bien et varié à KL : chinois, thaï, malais, français, espagnol, indien, italien, iranien, libanais, mexicain et j’en passe.
La nourriture et le vin y sont de qualité et le choix est immense, comparé à d’autres grandes villes asiatiques où sorti du chicken-noodles, c’est le calme plat.
Mais il y a une contrepartie à ces plaisirs : le prix !
Un bon resto proposant des spécialités étrangères affichera des prix proches de ceux que l’on connaît en France. Et pour l’alcool, n’en parlons pas. Une bière à KL coûte plus chère que chez nous, même si tu l’achètes au mini-market du coin.
Bah oui, faut pas exagérer non plus ! L’Islam malaisien peut se montrer tolérant, mais il faut en payer le prix au sens primaire du terme. Les taxes sur les boissons alcoolisées sont importantes, pour renflouer les caisses de l’Etat, comme partout, mais aussi pour dissuader les musulmans locaux de succomber à l’appel du Sheitan.
Bref, tout n’est pas parfait à Kuala Lumpur, où la chaleur peut s’avérer suffocante à certaines périodes, mais j’y ai rencontré des gens que je n’oublierais jamais et j’y ai consolé mes chagrins d’amour dans le bon vin et la cuisine européenne. Au moins ça !