La semaine dernière, j’embarquais à l’aéroport de Kuala Lumpur pour un vol en destination d’Ho Chi Minh.
Ma carte d’embarquement en main, je salue le chef de cabine. Il check mon numéro de siège et m’indique avec un grand sourire que ma place se situe sur la troisième rangée à droite.
Chouette, je suis surclassé !
En apercevant la fameuse rangée, je constate avec surprise qu’il s’agit de la classe affaire, alors que j’ai acheté un billet en éco. Pensant avoir été surclassé, je ne cherche pas à en savoir plus et m’assois tranquillement dans mon large fauteuil.
On est quand même bien en business class ! Quand je pense à tous ces crétins derrière le rideau qui se partagent un misérable accoudoir avec leur voisin, le dos ratatiné et les jambes pliées. Mais quelle idée de voler avec le peuple, franchement ?
Après avoir eu ma dose de boissons à volonté, chouchouté par une hôtesse aux petits soins, j’entame un délicieux repas, hors d’œuvre, dessert et café inclus, aux frais de la Princesse.
Un gamin siégeant en classe éco s’incruste dans notre compartiment et commence à galoper dans tous les sens.
Mais quel scandale, me dis-je ! Au prix où l’on paye notre place en business, les pauvres pourraient au moins avoir la décence de nous foutre la paix et nous épargner les caprices de leurs sales gosses mal éduqués ! C’est dingue ça !
Le ventre plein, secoué par cet incident, j’étire mon corps et profite des derniers instants avant l’atterrissage. Dans 20 minutes, on pose nos roues au Viêtnam.
Vos papiers, s’il-vous-plait !
C’est à ce moment-là que le brave chef de cabine qui m’avait indiqué mon siège s’approche de moi un bloc-notes à la main. Aie, ça sent le roussi cette histoire…
Il me demande si je peux lui présenter mon billet pour une petite vérification. Je lui tends le sésame et là, oh malheur, il m’annonce que je ne suis pas supposé voyager ici et que ma place est en éco.
Un peu mal à l’aise, je lui rappelle que c’est tout de même lui qui m’a désigné cette rangée :
« Troisième rangée à droite, vous vous souvenez ? »
« Oui, mais je voulais dire, après la business class. »
« Ah… bah, j’ai mal compris, désolé. Je vais changer de place. »
Honteux à l’idée de regagner mon vrai siège à la vue de tous tel un invité clandestin ou un pique-assiette se faisant pincer en plein repas de mariage, j’amorce un mouvement de repli. Fort heureusement, le gentil monsieur m’épargne l’humiliation suprême et m’autorise à rester en 1ère jusqu’à la fin du vol. Ouf !
Moi qui m’apprêtais à commander un deuxième café, je décide d’y renoncer et de la mettre en veilleuse, les yeux rivés vers le hublot.
Désolé pour ceux qui croyaient trouver ici le secret ultime pour voyager en business class au prix d’une billet éco, mais la recette miracle n’existe pas, pas à ma connaissance en tout cas. Ceci dit, vous pouvez toujours tenter de vous asseoir en business comme si de rien était. Dans le doute, l’hôtesse n’osera peut-être pas vous demander votre billet.
La petite subtilité qui vous assure de trouver un siège libre, c’est d’embarquer dans les derniers passagers. Les voyageurs volant en première classe étant appelés à embarquer en priorité, il y a donc 99% de chances que les places encore vacantes au moment où vous pénétrerez dans l’avion n’aient pas été bookées.
Bref, cette petite histoire pour en arriver à la conclusion suivante :
Dans la vie, quelle que soit la situation dans laquelle vous vous trouvez, aussi inconfortable ou nouvelle puisse-t-elle être, le seul fait de vous comporter comme si tout était parfaitement normal pour vous vous assure d’être traité et considéré par les autres comme si vous étiez à votre place.
C’est en agissant de la sorte que les plus audacieux parviennent à leur fin, court-circuitant ainsi les timides et les froussards.
Le type qui se présente à l’entrée d’un club select en adoptant une attitude sûre de lui, dans le regard, la démarche et la voix, aura plus de chances de rentrer que celui qui regardera ses pieds, le front suant et la parole tremblante, même si aucun des deux n’est un habitué.
Idem pour le candidat à un emploi prisé qui s’épargnera l’envoi d’un CV et le traditionnel entretien en s’arrangeant pour rencontrer le patron dans les conditions qu’il aura lui-même mis en scène.
Tout est dans les apparences
Dans mon exemple, je n’ai pas fait preuve d’audace, puisque de bonne foi, j’ai cru que j’avais été surclassé.
Mais si j’ai pu manger et boire sans éveiller de soupçons, c’est aussi parce que j’ai agi comme si tout cela était naturel pour moi.
Si j’avais commencé à poser des questions à l’hôtesse, à checker de nouveau mon billet ou à demander si le repas était gratuit, je me serais probablement fait griller et éjecter dans les dix minutes. Je n’avais jamais voyagé en business class, mais je me suis comporté comme si je l’avais toujours fait.
Alors, si dans la vie certaines situations vous effraient, arrêtez de réfléchir et foncez.
Si vous paraissez à l’aise et dans votre élément, personne ne viendra remettre en question votre présence ou votre action.
J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverte et blog très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésitez pas à visiter mon univers. Au plaisir.
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