Quand je parle aux gens de mon road trip en Asie, certaines personnes me font systématiquement cette remarque :
« Je ne vois pas l’intérêt de traverser la planète alors que nous avons en France les plus beaux paysages du monde ».
Oui, c’est possible. Et même s’il serait compliqué et stupide de classer les pays en fonction de la beauté de leurs paysages, je reconnais que le France tire son épingle du jeu. Mer, océan, montagne, campagne, monuments, rivière, il y en a pour tout le monde. Pas besoin en effet de partir en Inde ou en Colombie pour s’émerveiller devant la nature ou des prouesses architecturales. Toutes les régions françaises regorgent d’endroits magiques et inoubliables.
La question n’est pas là. Le débat non plus
J’ai beaucoup voyagé en France, notamment en Alsace, en Bretagne et en Provence, mes régions favorites. J’aime aussi nos voisins européens, comme l’Italie, le Portugal, l’Irlande et l’Espagne. Qui n’est pas tombé sous le charme de Rome, du vieux Lisbonne ou du Connemara ?
Mais il me manque quelque chose quand je vadrouille en France, en Europe ou plus globalement en Occident. Ce qu’il me manque, c’est cette sensation d’être déboussolé, bousculé, perdu. Cette sensation d’avoir atterri dans un autre monde, dont je ne détiens ni les codes ni les clés. Cette sensation d’être un étranger, d’être surpris, choqué ou émerveillé à chaque coin de rue. Une sensation essentielle, que ne peuvent pas m’apporter des peuples et des cultures assez similaires aux miens.
Alors, certes, l’Alsacien ou l’Anglais sera un peu différent de moi, le Marseillais. Il n’aura pas le même accent, les mêmes spécialités culinaires et autres paysages propres à sa terre natale que moi. Mais dans le fond, sommes-nous si différents l’un de l’autre ? Nos modes de consommation, de pensées, nos monuments, nos codes vestimentaires et religieux sont-ils si éloignés les uns des autres ? Un peu, mais pas suffisamment pour me déboussoler, me mettre une claque et me remettre en question.
Voilà l’idée. Voilà pourquoi j’aime voyager loin. Loin géographiquement, oui, mais surtout culturellement. Quand je suis en Inde ou au Vietnam, tout est nouveau pour moi. Chaque passant, chaque tenue, chaque plat, chaque boutique, chaque action, chaque animal, chaque discussion bouscule mes paradigmes, m’amuse, m’inquiète, me choque ou me surprend.
Et cette sensation, ce plaisir de se perdre et de s’immerger dans une culture radicalement différente de la mienne, seuls les voyages loin de ma civilisation et de mes coutumes peuvent me l’offrir.
C’est d’ailleurs l’une des thématiques de mon livre Aller simple pour la liberté. Un récit de voyage qui retrace les huit mois que j’ai passé sur les routes d’Asie, seul et en sac à dos.