Vous avez prévu de passer 15 jours en Thaïlande, de visiter le Vietnam ou l’Inde ou de vous lancer dans un road trip de plusieurs mois à travers ce continent fascinant et bouillonnant qu’est l’Asie ?
Félicitations ! Je ne peux que vous encourager.
Comme tout le monde, vous avez posé des congés ou décidé de quitter votre boulot. Vous avez économisé, vous vous êtes renseignés sur les visas et vous avez préparé vos différents itinéraires.
Mais qu’en est-il du budget, du coût de la vie ?
Combien allez-vous dépenser sur place ? Avez-vous suffisamment d’argent de côté pour ne pas vous retrouver en rade ou en galère ?
Voilà une question centrale. Une question à laquelle personne ne pourra répondre pour vous. Pourquoi ? Parce que cela va dépendre de vous et de vous seul.
Je m’explique :
Tout d’abord, je vous rassure : oui, le coût de la vie est globalement plus faible en Asie du Sud-est et sur le sous-continent indien que dans les pays occidentaux comme la France.
Oui, vous allez pouvoir trouver des auberges de jeunesse à 5 balles la nuit à Bangkok, Mumbai ou Kuala Lumpur. Et oui, on peut se dégoter un repas complet pour 2 ou 3 euros dans une gargote indienne, malaisienne ou philippine.
Certains vous diront que 400 euros suffisent pour passer un mois dans un pays d’Asie ou d’Asie du Sud-est. C’est vrai… mais attention !
Budget voyage : l’erreur classique
Il y a une erreur fatale à ne pas commettre. Et que j’ai commise, en quelque sorte.
Petit retour en arrière pour mieux comprendre :
En 2018, je posais un congé sabbatique de 8 mois pour parcourir l’Asie, seul et en sac à dos. Une aventure extraordinaire qui démarra en Inde avant de se poursuivre au Sri Lanka, en Malaisie, en Thaïlande, au Vietnam et aux Philippines. Un voyage initiatique que je raconte dans mon dernier livre, Aller simple pour la liberté. (Et que je vous encourage à lire si vous souhaitez entreprendre un périple du même acabit).
Après avoir lu un tas d’articles de blog sur le net, j’en ai déduit (et en voyant très large) que je dépenserais 800 euros pour un mois en Inde et approximativement 1 000 euros dans des pays comme la Malaisie ou la Thaïlande.
Résultat des courses : j’ai claqué 1 500 balles en Inde et dépensé près de 1 800 euros durant l’un des trois mois que j’ai passé en Malaisie.
« Mais t’es un flambeur, ma parole ! » allez-vous me rétorquer.
Pas du tout pour être honnête. Je ne suis pas matérialiste et je me définis plutôt comme un minimaliste, surtout quand il est question de voyage.
Sauf que… je n’aime pas me priver ou compter les pièces quand il s’agit de me faire plaisir.
Je vais vous donner deux exemples qui expliquent l’explosion de mon budget :
Quand je suis arrivé à Mumbai, la première étape de mon voyage, j’ai rencontré une Indienne dans un bar. C’était une fille issue de la caste des brahmanes, la plus haute sur l’échelle sociale indienne. Elle appartenait à la classe moyenne, ce qui en Inde signifie détenir un pouvoir d’achat 10 à 20 fois supérieur à celui de l’Indien de la campagne ou des bidonvilles.
Cette fille a voulu m’impressionner (ou me faire plaisir, va savoir). Pour cela, elle m’a fait découvrir les bars et les restos branchés de la ville. Un véritable marathon nocturne qui a duré plusieurs jours.
Asie ou pas, les bonnes choses coûtent toujours cher
Le truc, c’est qu’une bière ou un plat dans un pub ou un restaurant au standing élevé, ça coûte cher. Même en Inde, et qui plus est à Mumbai, la capitale économique et culturelle du pays. Par conséquent, mon budget a explosé. Alors, certes, j’aurais pu refuser l’invitation et lui expliquer que je n’avais pas des ressources illimités. Mais je ne l’ai pas fait, car je voulais aussi me faire plaisir et découvrir la partie huppée de cette ville où bidonvilles et palaces se côtoient.
Deuxième exemple : Kuala Lumpur, la capitale de la Malaisie.
J’avais prévu de n’y rester que 3 jours, j’y suis resté presque 3 mois…
Et là encore, j’ai fait chauffer la CB !
Pour plusieurs raisons. En voici une, caricaturale, mais tellement parlante : la Malaisie est un état musulman. Et en terre d’islam, je ne vous apprends rien, on n’aime pas trop l’alcool. Excepté qu’ici, la loi est un peu particulière. La charia s’applique aux musulmans. (Officiellement ils n’ont pas le droit de boire de l’alcool, même si dans les faits, chacun fait ce qu’il veut.) Quant à l’étranger ou au touriste, s’il n’est pas musulman, il est libre de boire autant qu’il en a envie. L’alcool est en vente libre et coule à flots dans tous les bars et autre supérettes du centre-ville de Kuala Lumpur.
Mais il y a une contrepartie : il coûte cher, très cher. Une pinte de bière à la terrasse d’un pub vous sera facturée entre 8 et 9 euros à Bukit Bintang ou à Malacca ! Quand à la canette de Tiger, la bière singapourienne, elle se négocie autour de 2 euros dans toutes les épiceries de style 7 Eleven. À Kuala Lumpur, l’alcool coûte plus cher qu’en France. Et je ne m’y attendais pas.
Bien entendu, je suis un peu trop épicurien. Et j’adore les sorties nocturnes, le bon vin et les bières bien fraîches quand le soleil frappe comme un forcené. Alors…. mes trois mois malaisiens m’ont coûté beaucoup plus cher que prévu.
Le budget type n’existe pas
Ce que je veux dire à travers ces deux anecdotes, c’est qu’il n’existe pas de budget type. Tout va dépendre de vos besoins, de vos envies, de vos goûts, de vos addictions éventuelles, mais aussi, de votre tolérance à l’inconfort.
Ainsi, on peut trouver un lit dans une auberge de jeunesse de Kuala Lumpur ou Hanoï pour moins de 4 ou 5 euros la nuit. Mais attention à la propreté et à la promiscuité. Pour ce prix, j’ai testé des chambres un peu crados où les draps n’avaient peut-être pas été changés avant mon passage. Des chambres que vous partagez avec 4 ou 5 autres voyageurs, qui ronflent ou rentrent bourrés et allument la lumière à 3 heures du mat’.
Et pour ma part, j’avais presque 40 ans durant ce voyage, cela ne me convenait pas. J’avais besoin de plus d’intimité et de confort. Pas le grand luxe, mais au moins des draps et une salle de bain dépourvus de tâches et de poils douteux.
Les vraies questions à vous poser avant de partir pour l’Asie sont donc les suivantes :
- Suis-je capable de dormir dans un dortoir bruyant et crasseux ou ai-je besoin d’un minimum de confort et d’intimité ?
- Suis-je du genre à aimer la fête et à boire comme un trou, ou suis-je un adepte du Perrier-Menthe et des soirées devant l’ordi ?
- Si je rencontre une femme ou un homme d’un milieu plus aisé que la moyenne, vais-je le suivre ou ralentir la cadence ?
- Si je dois effectuer un Mumbai-Goa, suis-je prêt à me taper 10 heures de train en pleine canicule ou vais-je opter pour l’avion ?
- Vais-je manger local et épicé durant tout mon séjour, ou mon estomac finira t-il par me réclamer de la cuisine française ou italienne ? (Les restos français en Asie coûtent un bras!)
Et ainsi de suite…
Quels sont vos besoins ?
Je me répète : pour estimer votre budget, fiez-vous avant tout à vos besoins et à vos envies. Un séjour de quinze jours dans le même pays peut coûter du simple au triple (voire beaucoup plus) selon votre personnalité et vos aspirations.
Toutefois, à prestation égale et mis à part quelques exceptions – comme l’alcool en Malaisie dans notre exemple – la vie est beaucoup moins chère en Asie du Sud-est en en Inde qu’en France.
Dernier conseil : prévoyez toujours plus que ce sur quoi vous tablez. Cela évitera les déconvenues, les galères et les frustrations.
Et si vous désirez voyagez avant l’heure, découvrez mon témoignage :
Loukas Montclar 