Etes-vous un leader ou un suiveur ?
Il y a quelques jours, je prenais un ferry depuis Krabi, en Thaïlande, en direction de la désormais célèbre île de Koh Lanta.
Nous étions une bonne centaine à prendre place dans ce vieux bateau pour une traversée de 2 h 30. Tous installés en rang à l’intérieur, nous attendions bien sagement que le capitaine mette les voiles (ou le moteur, plutôt).
La croisière veut s’amuser
Au bout d’une demi-heure, fatigués de rester assis et d’admirer la traversée à travers des hublots qui n’avaient pas dû être astiqués depuis le passage à l’an 2000, quelques passagers commencent à se lever pour prendre place sur la balustrade arrière. Je les imite rapidement.
La moitié des voyageurs se retrouve ainsi à l’extérieur, en plein cagnard, mais avec une vue sublime sur les îles et la mer. Un des membres de l’équipage déboule alors avec une énorme glacière remplie de canettes de bière. Ils sont malins ces Thaïlandais !
En bon alcooliques que nous sommes, les passagers sont composés à 99 % d’Européens, nous nous ruons tous vers le barman improvisé pour nous rafraîchir la gorge avec une Chang, l’une des bières locales.
La papote commence !
Ouf, ça va mieux ! Tout le monde se détend et commence à discuter.
J’engage alors la conversation avec un Suisse d’une vingtaine d’année. Il tient dans sa main un paquet de cigarettes, mais ne fume pas. En regardant autour de moi, je commence à comprendre ce qu’il se passe dans la tête des fumeurs (en tant qu’ancien accroc au tabac, la psychologie du fumeur n’a plus aucun secret pour moi).
Nous sommes détendus, voguons sur la mer et l’alliance alcool-soleil ne tarde pas à faire son effet. J’imagine qu’il y a bien une vingtaine de fumeurs potentiels qui doivent se poser cette question vitale :
« Est-ce que je peux en allumer une ici ? »
Eh oui, car nous sommes sur un bateau, il y a aussi des familles et un (discret) panneau affiche clairement l’interdiction de fumer.
Cela dit, nous sommes en Thaïlande, et ce qui est censé être prohibé ne l’est pas forcément dans les faits (la prostitution est officiellement interdite en Thaïlande, pourtant bien connue pour être le bordel de l’Asie).
Et puis, empêcher les gens de fumer tandis qu’on leur sert de l’alcool à volonté, est-ce une procédure qui tient vraiment la route ?
Qui va allumer la première cigarette ?
Bref, cela fait 20 minutes que nous sommes dehors à boire de la bière et personne n’a l’audace de s’en griller une.
Que se passe-t-il dans ce genre de situation ? Qu’attendent les gens ?
Vous le savez très bien, car nous avons tous déjà vécu à maintes reprises ce type d’expérience, que ce soit pour la cigarette ou n’importe quoi d’autre.
Quand au sein d’un groupe de gens qui ne se connaissent pas, une partie d’entre eux désirent faire quelque chose sans savoir si elle en a le droit, elle attend qu’un leader passe à l’action pour donner le signal et l’imiter.
Et ce qui devait arriver arriva : le Suisse avec qui je discutais, faisant fi d’une possible interdiction ou de l’éventualité de déranger ses voisins, s’alluma sa cigarette, l’air de rien, mais sûr de lui.
Cinq minutes après ce geste héroïque, une quinzaine de personnes fumaient. C’est ce qu’on appelle aussi la preuve sociale : si les gens le font, c’est que je peux le faire.
Ce Suisse était devenu le héros du peuple fumeur !
Ok, je sais, ce n’est pas bien de fumer, etc, etc… Mais ça, on s’en carre ! Ce n’est pas le propos de cet article.
J’aurais très bien pu prendre un autre exemple, comme celui du type qui le premier se rend à une caisse qui semble sur le point d’ouvrir, celui qui monte le premier dans un train, celui qui porte à sa bouche son verre le premier alors que tout le monde attend je ne sais quoi…
La majorité attend toujours
Dans la plupart des situations d’attente en groupe, la majorité ne fera rien tant qu’un leader, un audacieux ou un je m’en-bats-les-couillistes, appelez-le comme vous voulez, ne prendra pas les devant et passera à l’action, sans se soucier des potentiels conséquences.
Le fumeur pouvait se faire sermonner et forcer à éteindre sa cigarette par un membre de l’équipage, la personne qui pose ses articles sur le tapis d’une caisse qui n’est pas clairement ouverte peut se faire rembarrer, tout comme le type qui grimpe le premier dans un transport.
Mais ils n’en ont rien à foutre ! Ce type de personne ne se pose pas ce genre question. Il veut quelque chose, il agit, et basta ! Peu importe ce qu’il advienne.
Et vous ? Vous êtes de ceux qui attendent ou de ceux qui montrent la voie ?