
Aller simple pour la liberté
Loukas MONTCLAR
Récit de voyage / Road trip, motivation et inspiration
Commander :
ISBN : 9782956285151
Parution : 2 mai 2022
J’aurai bientôt 40 ans. Je ne suis pas marié, je n’ai pas d’enfants. Mon boulot m’ennuie, le confort et la sécurité m’étouffent.
J’ai besoin d’autre chose. Je dois partir, casser cette routine qui m’oppresse. Et puis, je veux voir le monde, je veux le sentir. Une envie de tout délaisser, de tout recommencer à zéro. Tout vendre, tout donner, tout jeter, tout résilier. Se libérer des chaînes et quitter la facilité.
Sur un coup de tête, je pose un congé sabbatique de 8 mois. Au programme : découvrir l’Asie, seul et en sac à dos.
Mais tout se passera-t-il comme je l’avais imaginé ?
De l’Inde chaotique aux îles Philippines en passant par l’envoûtante Malaisie, le Viêtnam, la Thaïlande ou le Sri Lanka, je vous embarque avec moi dans l’exploration d’un continent anarchique et fascinant où se joue l’avenir du monde.
L’enfer des mégalopoles, le choc des cultures, l’amour, les femmes et l’ivresse. Dégoût, colère, excitation et bonheur s’entremêlent et se confondent. Une remise en cause de nos modes de vie, la fuite d’un Occident pétrifié qui ne tient plus ses promesses…
Êtes-vous prêts pour l’atterrissage ?

Prologue :
La liberté est dangereuse. Dangereuse, parce qu’une fois qu’on y a goûté, on ne peut plus revenir en arrière. J’ai découvert la savane, l’idée même de retourner en cage m’effraie.
Pourtant, mon premier jour de liberté ne s’est pas déroulé comme je l’avais imaginé. Seul, allongé sur un lit dans un hôtel sordide du sud de Bombay, j’ai envie de chialer. Qu’est-ce qu’il m’a pris ? Pourquoi suis-je parti à l’autre bout du monde avec mon sac à dos ? Qu’est-ce que je fous dans ce tumulte indien ? Les premiers regrets, les doutes envahissent mes pensées.
Quand mes parents me disent au revoir à l’aéroport de Marignane, je ne suis pas loin de craquer. Pas parce qu’ils vont me manquer, non. En France, 800 kilomètres nous séparent. Marseille-Strasbourg. Il arrive que nous ne nous voyions pas durant des mois.
Je leur dis au revoir et j’ai envie de pleurer. Je ne sais pas pourquoi. Eux sont terrifiés, se sentent impuissants. Au fond, ils ne comprennent pas ma démarche, insensée à leurs yeux. Insensée, car elle chamboule leur façon d’appréhender le monde et la vie. Ma mère est pétrifiée rien qu’à l’idée de monter dans un avion, alors imaginez quand je lui ai annoncé mon projet…
Si j’ai envie de pleurer, c’est parce que je suis totalement paumé, là, à quelques minutes du grand départ. Je ne sais plus pourquoi je pars, d’ailleurs. Une étrange sensation me submerge depuis la veille. Mon cerveau bouillonne. Un sentiment que je serais bien incapable de décrire.
Je ne sais plus pourquoi je pars, c’est dingue ça ! Deux ans à planifier ce voyage, un an à le mûrir dans ma tête, une autre année à le préparer. Deux ans serein, sûr de moi, motivé, impatient, conquérant et communicatif. Et voilà qu’à trois enjambées du grand saut, je perds le contrôle. Tout est remis en question : je veux rester, je veux rentrer chez moi, recouvrer cette petite routine que je n’ai pas encore quittée.
Mais qu’est-ce que j’ai foutu, bon sang ? À quoi tout cela rime-t-il, hein ? On ne plaque pas boulot et appart pour se retrouver seul, parachuté dans un pays tel que l’Inde. C’est le genre de délire qu’on réalise à 20 ans, ou qu’on ne réalise pas tout court.
Les jours ayant précédé mon départ ont beaucoup compté. J’ai passé du temps, une dernière fois, avec tous ceux que j’aime, le noyau dur, famille et amis, comme si l’éventualité volontaire ou subie de ne jamais revenir ne devait pas être écartée. Tous m’ont soutenu, encouragé et aidé. Hébergement ponctuel, stockage de mon fourbi, multiples pots de départ et cadeaux. Tout le monde a répondu présent. Et ce, bien au-delà du minimum syndical.
Les adieux, même provisoires, sont à l’image des déménagements : ces moments de la vie t’offrent l’opportunité de découvrir à qui tu as réellement affaire. Qui sera là pour porter les cartons ? Qui prétextera un mal de dos imaginaire pour esquiver le jour J ?
Comme une myriade d’Occidentaux, j’en ai eu ma claque du métro-boulot-dodo, même si dans mon cas, c’était plutôt vélo-boulot-apéro. Mon travail m’ennuie et je ne fais rien pour en sortir. Je ne suis pas malheureux pour autant. Mon employeur est conciliant et flexible, j’ai des amis formidables, une famille qui m’aime, j’ai beaucoup de passions, je fais du sport, je sais apprécier la simplicité, je voyage souvent, je gagne assez d’argent pour ne pas me priver… Mais il me manque quelque chose et il devient impératif de casser le train-train avec violence. Si je ne veux pas péter une durite, si je ne veux pas mourir avec une bave d’amertume dégoulinant des lèvres.
Et puis, je veux voir le monde, je veux le vivre. On a beau être globalisé, comme ils disent, j’ai quand même envie de voir comment ça se passe là-bas. Voir ce qu’il se cache derrière la ligne d’horizon, cette obsession si chère aux Européens qui nous empêche de tenir en place et de nous satisfaire du moment présent. Certes, les voyageurs contemporains que nous sommes sont des rigolos comparativement aux Vikings ou à Colomb. Et loin de moi la prétention de m’accaparer ne serait-ce que le millième de la bravoure de nos ancêtres. Mais si l’on y réfléchit bien, le principe est le même.
La bougeotte est dans nos gènes, sclérosée par la malbouffe, le confort et la télé, mais elle est toujours présente. Et quand elle explose, c’est l’appel de la route qui nous submerge. Un ardent désir d’aventure, d’inconnu, d’abandon. Une sensation qui t’attrape et ne te lâche plus. Elle est là au réveil, au bureau, sous la douche, en soirée. Elle ne te lâche plus. Tu dois la nourrir ou c’est elle qui te consumera. Une envie de perdition, de tout délaisser, de recommencer à zéro ou presque. Vouloir se tester, se confronter, voir ce que l’on a dans les tripes. Se perdre pour se retrouver. Tout vendre, tout donner, tout jeter, tout résilier. Se libérer des chaînes et des routes toutes tracées, quitter la facilité, ne compter que sur soi-même, oublier ce filet de sécurité qui a fini par nous étrangler.
Alors, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai posé un congé sabbatique, ce que j’appelle la démission des lâches, pour parcourir l’Asie au fil des envies, des rencontres et autres impondérables. J’ai économisé, j’ai rendu mon appart, dénoncé mes multiples engagements, fait mes « adieux » à tout le monde et je suis parti.